La 11ème lauréate du Prix Drawing Now dévoile “Nous qui désirons sans fin”, exposition personnelle au Drawing Lab. Miniatures de créatures mi-humaines mi-animales côtoient dioramas de papiers dessinés et dessins au graphite. L’artiste imagine des étreintes envoûtantes et sororales, restauratrices d’élan vital.
Étreintes alchimiques
Lauréate de la dernière édition du Prix Drawing Now, Karine Rougier développe une pratique du dessin et de la peinture à l’huile sur bois. L’exposition qui lui est consacrée au Drawing Lab donne notamment à voir une sélection de dessins que l’artiste développe après avoir débuté l’apprentissage de la technique traditionnelle de la miniature indienne. Femmes et êtres ailé·es, marines et flamboyant·es s’enlacent longuement… Dans les mondes atemporels de l’artiste, tous et toutes celles et ceux qui les peuplent appellent à désirer sans fin. “Elles sont là, tapies dans leurs étreintes et dans les formes obscurcies du monde, elles sont là […]. Elles nous ont précédées” écrit la poète Nina Léger dont le texte “Maintenant vivantes”, présenté sur un mur de l’espace, entre en résonance avec le monde de symboles de Karine Rougier.
Faire parler les mondes invisibles
Dans la plus grande pièce de l’exposition, une bande de peinture orange recouvre en partie deux murs adjacents, tel “un soleil étiré” affirme Karine Rougier. Grands et petits formats habitant cette couleur clémentine se répondent, telle une danse de symboles, mystiques, magiques… poétiques : jeu de cartes, cœur, coquillages, soleil ou encore licorne semblent égrainer autant de débuts d’histoires. Les touches de gouache et d’acrylique se mêlent au trait fin de l’artiste. “Quand je travaille, je suis entourée d’images” précise celle qui procède presque par “cadavre exquis”. Elle combine et re-combine éléments récurrents de contes, mythologies ou figures de jeux de tarots et s’inspire notamment du “Clavis Artis”, manuel d’alchimie aux nombreuses enluminures, datant de la fin du 17e ou début du 18e. Pour cette exposition, à découvrir jusqu’au 31 mars, l’artiste invite l’iconographe, écrivain et chercheur Stephen Ellcock à sélectionner des images et enluminures ésotériques entrant en dialogue avec ses créations, brouillant ainsi les frontières temporelles des représentations.
Petits théâtres sororaux
La suite de la visite nous amène à découvrir une autre salle dans laquelle sont projetés deux courts métrages réalisés avec la cinéaste Valérie Pelet et mettant en scène des cartes à jouer et divinatoires. Plurimédia, l’artiste explore aussi la pratique du diorama. Dans l’écrin d’une pièce aux murs fuchsias, se trouvent deux mises en scène éclairées de l’intérieur. Elles représentent une grotte marine et un cercle de femmes, rappelant des motifs écoféministes. Ces femmes se consacrent à leurs activités quotidiennes : tirage de cartes, allaitement, lecture au coin d’un feu… Petits théâtres de papiers peints, dessinés, découpés et scénographiés, ces dioramas donnent une profondeur à l’univers de l’artiste qui se déploie en volume… En sortant de cette exposition, “il sera plus facile de dire qu’on a rêvé”, écrit la poètesse Nina Léger en guise de mot de la fin de son texte accompagnant l’élan vital d’une artiste faisant vibrer les corps de tendresse.
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