Julien Priez, aussi appelé Boogy Paper, investit le TRACé – Centre du Graphisme. Le calligraphe, dessinateur de caractères et graphiste indépendant s’attache à déployer son geste directement sur les murs de l’institution. L’exposition qui lui est consacrée, “Boogy Show”, nous fait voyager de salle en salle : ses créations calligraphiques se métamorphosent en typographies, intégrées à différentes conceptions graphiques. De la recherche à la commande, de l’expérimentation à la structuration graphique, du petit au grand format, les différentes facettes du travail de Julien Priez s’invitent à Échirolles.

Mural Nike de Boogy Paper / Julien Priez.


Du geste de la calligraphie…


Calligraphe, dessinateur de caractères et graphiste indépendant, Julien Priez a plusieurs casquettes. Formé à la typographie à l’école Estienne à Paris, il développe une pratique hybride d’abord motivée par le geste, celui du tracé de la lettre. Jusqu’au 16 juillet 2023, le TRACé, centre du graphisme d’Échirolles, lui consacre une exposition intitulée “Boogy Show”, véritable frénésie calligraphique et typographique. Dans la première salle de l’exposition, le calligraphe, doté d’un pinceau à plusieurs têtes qu’il a lui-même fabriqué, investit directement les murs. À l’encre de Chine, il dessine des lettres de grande taille composant des mots devenant des motifs, des grilles, des modules, des systèmes… Inspiré par sa pratique, révolue, du graffiti, Julien Priez s’attache à imaginer une œuvre in situ, qui, comme le graffiti, est pensée pour un espace spécifique et disparaît à un moment ou un autre. “Je module le nombre de pinceaux fixés sur une baguette, ainsi j’adapte la taille de mon trait, je joue avec différentes épaisseurs. Je m’attache à respecter une forme de régularité dans mes tracés, mais il y a aussi toujours des irrégularités qui s’invitent : la trace que je laisse n’est pas retouchée” affirme-t-il. Parfois, se superposent à ces grandes lettres calligraphiées à même le mur, des petits formats sur lesquels Julien Priez est intervenu à la plume. Ils dialoguent avec travail calligraphique pour l’EP La vita nuova du chanteur Redcar (Christine and the Queens). Julien Priez joue avec les échelles : celle du geste et celle de la perception. Le visiteur et la visiteuse s’approchant des petits formats, voient les grandes lettres devenir des motifs abstraits dont la lisibilité ne peut se faire que par une prise de distance.

Pinceaux assemblés par Boogy Paper / Julien Priez pour réaliser ses calligraphies murales.


…à la conception graphique, en passant par la typographie


La seconde salle de l’exposition nous plonge dans les coulisses de la fabrication de la première salle. Une grande projection montre le calligraphe investir les murs du premier espace, tandis qu’une vidéo de petit format donne à voir les tracés à la plume de Julien Priez. Cette documentation en images conçue par le vidéaste Nils Paubel dévoile les moments de doute et de réflexion de Julien Priez, ainsi que son processus de création. C’est au-delà du geste que nous emmène la troisième salle. Elle opère un basculement dans l’espace graphique. “J’ai longtemps cherché une manière de faire du graphisme avec de la calligraphie” affirme Julien Priez. Ses expérimentations calligraphiques deviennent des typographies, comme le Boogy Brut dévoilé par des spécimens et utilisé pour réaliser différentes conceptions graphiques. Dans ce dernier espace de l’exposition, sont montrés les nombreux liens entre un travail de recherche et un travail de commande. “Je mets toujours à disposition de mes clients un carnet de croquis en ligne dans lequel ils peuvent puiser des inspirations pour leur projet, ce qui leur fait gagner du temps et de l’argent”. De grandes lettres de la police de caractères Boogy Brut sont imprimées sur papier et fixées au mur. Elles dialoguent avec de petits objets graphiques et typographiques, comme des captures d’écran imprimées de circuits sur Strava formant des lettres. Le geste manuel se mue en créations digitales.

Vinyle Christine and the Queens de Boogy Paper / Julien Priez.


Une scénographie pensée par Spassky Fischer


La scénographie pensée par le studio de design graphique Spassky Fischer explore ainsi la complexité d’un processus de création ayant pour point de départ la calligraphie : de la phase de recherche à la commande, de l’expérimentation à la structuration graphique. Elle fait de Julien Priez l’un de ses acteurs à part entière et du TRACé, le lieu d’une réalisation unique : expérience immersive et sensible. L’exposition est complétée par une programmation réjouissante. Des “Apérographiques”, visites guidées ponctuées de pauses théâtrales ou de danse, sont organisés les vendredis 24 mars, 28 avril et 02 juin 2023 de 18h30 à 20h30. Une conférence intitulée “Conférence autour de la typographie animée par Julien Priez et suivie d’un verre de l’amitié” est prévue le jeudi 06 avril 2023 de 19h à 21h. Une présentation de l’exposition complétée d’un atelier de pratique artistique se déroule aussi les dimanches 12 mars, 28 mai et 11 juin 2023 de 14h à 15h30.

→ Boogy Show, Le TRACé, centre du graphisme, place de la Libération, 38130 Échirolles

Boogy R. © Boogy Paper / Julien Priez.
Boogy Brut. © Boogy Paper / Julien Priez.
Boogy Brut. © Boogy Paper / Julien Priez.
Boogy Paper / Julien Priez réalise différentes compositions calligraphiques directement sur les murs de la première salle d’exposition du TRACé
Détail du mural Nike de Boogy Paper / Julien Priez.
Détail du mural Nike de Boogy Paper / Julien Priez.
Boogy Paper / Julien Priez préparant la première salle d’exposition du TRACé.
Détail d’une composition calligraphique de Julien Priez.

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